D’après le dernier rapport du GIEC, l’augmentation de la température terrestre poursuit son accélération à un tel rythme que le maintien de la hausse de la température en deçà des 1,5 °C à horizon 2030 semble de plus en plus fragile. Notre futur climatique est fortement en danger, d’autant plus que les actions passées génèrent des impacts irréversibles pour les siècles, voire les millénaires, à venir. A titre d’exemple, la hausse de la température globale se poursuivra a minima jusqu’en 2050, mais il est encore possible d’éviter le scénario catastrophe de l’augmentation de la température globale de 2 °C d’ici la fin du siècle. Maîtriser la situation et limiter le réchauffement climatique impliquent d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2050 et limiter les émissions d’autres gaz à effet de serre (GES) tel que le méthane.
S’il y a consensus sur l’objectif de neutralité carbone, notamment à l’échelle européenne, les moyens pour y parvenir demeurent moins clairs. Cet objectif ambitieux requiert une prise de conscience à grande échelle ainsi que l’opération d’un changement profond dans les pratiques tant à l’échelle individuelle que collective.
Dans ce contexte, l’ADEME, dans une étude réalisée en novembre 2021, propose 4 trajectoires, sur un spectre allant de l’ambition extrême à l’ambition plus modérée, pour conduire la France à la neutralité carbone d’ici 2050. La quantité de déchets ménagers et assimilés est un des piliers de l’étude. Le scénario le plus optimiste proposé par l’ADEME (S1) suggère une réduction des déchets de près de 68% entre 2015 et 2050 et dans le scénario le moins ambitieux parmi ceux proposés (S4), c’est une baisse de près de 9% sur la même période qui est mise en avant (voir figure ci-contre). Indépendamment du scénario le plus proche de la réalité, la neutralité carbone ira nécessairement de pair avec une réduction des déchets, mais aussi avec une gestion optimisée de la collecte de ces derniers.
D’après le rapport SECTEN (2022), le secteur des déchets contribue à hauteur de 14,5 Mt de CO2e en 2021, soit 3,5% des émissions françaises. Loin de la contribution de près de 10% à ces émissions par l’industrie de l’énergie, le secteur des déchets n’en demeure pas moins une priorité pour atteindre la neutralité carbone.
La FNADE présente une analyse prospective de la gestion des déchets à horizon 2050, publiée fin janvier 2023. La trajectoire proposée met en lumière une croissance de 74% de la valorisation matière et organique des déchets entre 2010 et 2050. Il en est de même pour la valorisation énergétique des déchets qui devrait croître de 21% sur la période. La conséquence directe de ces prévisions est la chute du taux d’élimination des déchets de 33% à moins de 5% entre 2010 et 2050.
Figure 2 : Croissance de la valorisation matière, organique et énergétique des déchets non inertes non dangereux produits par les ménages et les entreprises à horizon 2050 (Source : ADEME)
Les constats de la FNADE se présentent comme porteurs d’espoir et tracent la voie des actions à poursuivre dans l’optique de la maîtrise des émissions de CO2 de la filière des déchets à horizon 2050. Ces constats démontrent que non seulement nous avons toutes les clés en mains pour viser la neutralité carbone, mais que nous travaillons déjà dans le bon sens. En effet, l’accélération des pratiques de tri revêt l’habit d’une tendance centrale pour maîtriser les émissions de GES de la filière des déchets française. Cette dernière repose d’une part sur la poursuite de prises de conscience en chaîne des bienfaits et de la nécessité de trier ses déchets, mais repose également sur des actions concrètes telle que la mise en place de la redevance incitative.
La redevance incitative est appliquée à l’échelle de la collectivité et consiste à faire payer l’usager en fonction des apports de déchets non recyclables qu’il dépose dans les colonnes à ordures ménagères. Pour ce faire, un contrôle d’accès au conteneur est installé sur les colonnes à ordures ménagères et verrouille leur tambour. Le tambour du conteneur peut être déverrouillé par badge nominatif ou par code QR et permet alors à l’usager d’y déposer ses déchets. Cette pratique conduit non seulement à la responsabilisation des usagers et à la diminution des quantités de déchets, mais aussi à une amélioration nette de la qualité du tri par les habitants : la redevance incitative entraîne une amélioration du tri à hauteur de 30% à 50% sur la production des ordures ménagères résiduelles !
Figure 3 : Réduction des quantités de déchets collectés au sein des collectivités avec la redevance incitative (Source : Référentiel national des coûts du service public des déchets en 2018)
Par ailleurs, le rôle du traitement des biodéchets n’est pas à négliger. En effet, le biodéchet, s’il n’est pas trié, se retrouve mélangé au reste des déchets non recyclables et se voit éliminé par incinération ou enfouissement. Or, les biodéchets ont un potentiel énergétique important, mais qui ne peut être mobilisé via l’incinération ou l’enfouissement. Enfin, l’enfouissement des biodéchets provoque leur fermentation dans un milieu anaérobie, créant ainsi des conditions favorables à l’émission de méthane dans l’atmosphère, qui, au même titre que le CO2, est un GES, à la seule différence que son pouvoir de réchauffement global est 25 fois supérieur à celui du CO2. Ainsi, le tri du biodéchet présente plusieurs enjeux : d’une part, il s’agit de limiter les émissions de GES actuelles dans une optique de neutralité carbone d’ici 2050 ; d’autre part, il s’agit de revaloriser cette matière via le compost ou le biogaz. Enfin, il ne faut pas omettre de mentionner l’importance de la qualité du tri du biodéchet : des solutions éprouvées existent et garantissent un flux de qualité. Le contrôle d’accès au conteneur est compatible avec cette application, sur des abris-bacs par exemple.
Enfin, au-delà du tri, il s’agit d’implémenter des solutions permettant d’optimiser les parcours de collecte des camions-bennes afin de gagner du temps, limiter les kilomètres parcourus et les émissions de CO2 associées ainsi que de fluidifier le trafic de la ville ou encore d’allonger la durée de vie du matériel (colonnes, camions, etc.). A cette fin, la télérelève de niveau optimise le procédé de collecte en indiquant aux services de collecte de la commune quels conteneurs vont bientôt déborder afin de passer les vider en priorité. A contrario, les services des déchets ne perdront plus de temps à lever et vider des colonnes à peine remplies.
Face à l’urgence climatique et dans le cadre de délais pour agir se resserrant de plus en plus, il peut être délicat, notamment pour les collectivités, d’initier des changements profonds dans tous les secteurs d’un trait et à l’unisson. Si la gestion des déchets constitue un domaine dont les collectivités se soucient, ce sont généralement d’autres postes, tel que l’éclairage public, correspondant à 41% de la consommation d’électricité des communes et émettant annuellement 670 000 t de CO2, qui l’emportent dans l’ordre des priorités.
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